Découvrez le parcours d’André-Jacques Auberton-Hervé
Diplômé de l’École centrale de Lyon avec les félicitations du jury et docteur en physique des semiconducteurs à 24 ans, André-Jacques Auberton-Hervé commence sa carrière professionnelle au laboratoire du Commissariat à l’Energie atomique (Leti).
Première expérience chez Leti
La société Leti est un institut de recherche technologique spécialisé dans les micro et nanotechnologies implanté à Grenoble et avec des bureaux aux États-Unis et au Japon. Elle propose des solutions innovantes pour répondre aux défis actuels de l’énergie propre, de la santé ou encore du transport. En 1986, André-Jacques Auberton-Hervé rejoint les équipes de Leti et commence sa carrière professionnelle en tant que responsable du développement du procédé de fabrication CMOS, une technologie de fabrication des composants électroniques, et du programme SOI, silicium sur isolant.
Fondateur et président d’honneur de Soitec
André-Jacques Auberton-Hervé cofonde en 1992, avec Jean-Michel Lamure, la société Soitec. Spécialisée dans la production de silicium sur isolant (SOI), Soitec s’impose rapidement comme un acteur incontournable de l’industrie des semiconducteurs. Une performance notamment rendue possible grâce à la création d’un procédé disruptif de production des plaques de silicium sur isolant (Smart Cut™). Après 26 ans d’existence, Soitec est le leader mondial dans son secteur. La société comptabilise 80 % de part de marché dans le silicium destiné aux semiconducteurs. En 1992, Soitec comptait 2 employées ; aujourd’hui plus de 1800 personnes ont été embauchées et réparties dans les 5 usines implantées en France, à Singapour et aux États-Unis.
Engagé pour le développement des entreprises
André-Jacques Auberton-Hervé est depuis 2010 membre du groupe de la Commission européenne dédié à la définition des technologies-clés (KETs). Ce programme fourni des subventions afin d’aider les entreprises européennes à développer leurs technologies industrielles et à devenir plus compétitives sur le marché. Grâce à ces aides de l’Union européenne, les PME innovantes ont une chance de s’imposer sur le marché mondial.
André-Jacques Auberton-Hervé est également président du Conseil de l’association SEMI Europe (Semiconductor Equipment and Materials International). Elle supporte les entreprises de l’industrie de la micro et nano technologie et contribue à leur croissance économique. Il est aussi membre du comité exécutif de SEMI international dont il a été président pendant deux ans et a exercé la présidence de l’Agence pour le Développement et l’Innovation (ARDI) de la région Auvergne–Rhône-Alpes. André-Jacques Auberton-Hervé s’engage donc autant pour le développement des entreprises au niveau mondial que régional.
Un travail reconnu et récompensé
Il a reçu, en 2006, le « Prix de l’Audace Créatrice » des mains du président de la République de l’époque, Jacques Chirac. Ce prix distingue les entrepreneurs français qui ont réussi à développer leur effectif de leur entreprise française, leur chiffre d’affaires et leur rentabilité. La société Soitec d’André-Jacques Auberton-Hervé a été choisie parmi une sélection de quinze entreprises répondant à des critères très stricts : un an minimum de vie boursière ; un projet d’entreprise jugé audacieux dans un secteur en fort développement ; une forte hausse des investissements et du flux de trésorerie…
Chevalier de la Légion d’honneur et de l’ordre du Mérite en 2014, André-Jacques Auberton-Hervé a également obtenu le prix de l’INSEAD ainsi que le SEMI Award, en récompense de ses qualités d’entrepreneur. Cet impressionnant palmarès prouve qu’André-Jacques Auberton-Hervé est un acteur reconnu dans le secteur des micro et nanotechnologies, mais aussi sur le marché français et mondial.
Une nouvelle société : 4A Consulting & Engineering
André-Jacques Auberton-Hervé a créé en 2015 sa propre société de consulting 4A Consulting & Engineering spécialisée dans le management de l’innovation et la gestion de projets complexes dans le secteur des énergies renouvelables. Il met donc toute son expérience et son savoir-faire à disposition des entrepreneurs qui souhaitent, comme lui avec Soitec, transformer leur start-up en un leader mondial. Le cabinet 4A Consulting & Engineering accompagne ses clients durant les multiples étapes de leurs projets dans le secteur des énergies renouvelables. Des questions sur l’industrie solaire à l’accompagnement pour la mise en place de nouveaux partenariats avec des entrepreneurs ou des fournisseurs, en passant par des conseils sur les relations gouvernementales, 4A Consulting & Engineering donne la possibilité aux entreprises de se développer dans ce secteur.
Un essai pour témoigner sur l’industrie 4.0 européenne
André-Jacques Auberton-Hervé a publié en 2016, De l’audace ! aux éditions « Débats Publics », un essai dans lequel il partage ses idées sur le modèle de croissance européenne à l’heure de l’industrie 4.0. Il explique dans son livre sa vision du marché européen.
André-Jacques Auberton-Hervé affirme qu’il y a un avenir industriel et économique pour l’Europe grâce aux opportunités de la Révolution industrielle 4.0. Cette Révolution met au centre le grand public et fait des citoyens des « consomm’acteurs ». C’est donc les citoyens qui dirigent l’économie et qui font le succès des entreprises. Mais pour saisir ces opportunités, les entreprises doivent suivre plusieurs conseils donnés dans ce livre :
- les entreprises européennes doivent grossir et être présentes sur tout le marché européen pour pouvoir rivaliser avec les géants américains et asiatiques. Pour prendre sa part et rester dans la compétition, l’Europe doit créer ses champions d’envergure mondiale, de la même manière que les Etats-Unis.
- Elles doivent aussi se développer à l’échelle européennes. L’Europe est un marché potentiel d’environ 500 millions de consommateurs. C’est à cette échelle qu’une entreprise peut rester compétitive face à la Chine ou aux Etats-Unis puisqu’aucun pays européen n’est assez grand pour se mesurer à ces deux géants.
- Le succès des entreprises 4.0 européennes est possible si elles sont capables de réagir vite et de rester en pole position. L’industrie 4.0 est une course où il faut impérativement rester en tête pour ne pas se faire distancer par les leaders des marchés.
André-Jacques Auberton-Hervé explique que tous ces conseils ne peuvent être appliqués que si le marché financier est ouvert. Aujourd’hui, il constate que l’outil financier européen n’est pas adapté aux sociétés de forte croissance. La solution serait de créer un NASDAQ européen basé sur le modèle du plus grand marché d’actions électronique du monde pour financer cette nouvelle industrie.
C’est grâce à son parcours d’entrepreneur et sa place de pionnier depuis plus de 30 ans dans cette industrie qu’André-Jacques Auberton-Hervé peut, dans son livre, alerter et témoigner sur l’industrie 4.0. L’Europe est certes en retard dans la course mais pour André-Jacques Auberton-Hervé, elle possède tous les atouts pour prétendre à la première place.
Soitec, grandeur et déclin d’un patron
« C’était tout de même sa boîte ! » s’exclame un salarié de Soitec, encore incrédule, trois semaines après ce conseil d’administration qui a déboulonné André-Jacques Auberton-Hervé. Mi-septembre, le cofondateur de cette société grenobloise de très haute technologie a été contraint d’abandonner son poste de président.
Celui que tout le monde appelle André, au siège du fabricant de disques de silicium sur isolant pour semi-conducteurs, avait déjà dû céder, en janvier, la direction opérationnelle à Paul Boudre. Pour faire avaler la pilule, les membres du conseil d’administration lui avaient alors très doctement expliqué qu’il était important « pour une bonne gouvernance » de séparer les fonctions de président et directeur général. Neuf mois plus tard, elles sont de nouveau réunies, mais c’est M. Boudre qui devient PDG.
Révolution
Il faut reconnaître que l’entêtement de M. Auberton-Hervé, désormais simple président d’honneur, à diversifier Soitec dans la fabrication de cellules photovoltaïques de très haute performance amenait sans doute l’affaire à la faillite pure et simple. « Le conseil d’administration de janvier a été très dur, mais déterminant pour décider d’abandonner le solaire et de concentrer la société sur ce qu’elle sait faire », se souvient un administrateur qui préfère rester anonyme.
« Les projets où seule la technologie nous fait rêver, on ne les fera plus, ce n’est pas ce qui nous fera vivre demain », résume d’une voix calme, qui tranche avec sa carrure, le nouveau patron de Soitec. Une révolution culturelle. Qui n’est pas synonyme d’un coup d’arrêt à la recherche et développement. En juin, le laboratoire commun avec le CEA-Leti voit même sa voilure augmentée, mais certains axes sont abandonnés pour mieux se concentrer sur les produits plus proches du marché.
Si ferme aujourd’hui, ce conseil d’administration semble avoir été bien docile les années précédentes. Pourtant, depuis 2011, le premier actionnaire n’est plus M. Auberton-Hervé, mais l’Etat. Bpifrance détient 9,5 % du capital, la Caisse des dépôts, 3,7 %, tandis que le fondateur et sa famille n’en contrôlent que 2,5 %. Vient ensuite le japonais SEH, à la fois partenaire historique et concurrent, avec 1,9 % du capital. Le reste est disséminé dans le public.
Pendant ces années de fuite en avant, où les pertes vont se creuser et les effectifs fondre, la rémunération de cet ex-ingénieur-chercheur du CEA-Leti s’envole. Avec le fixe, le variable et la valorisation des actions gratuites attribuées, la rémunération globale de ce patron alors intouchable va passer de 884 000 euros pour l’année 2007-2008 à 1,3 million d’euros en 2009-2010, puis 3,2 millions en 2011-2012.
Chez Bpifrance, on s’abrite aujourd’hui derrière le fait que l’administrateur représentant l’investisseur public n’était alors pas membre du comité des rémunérations. Et de remarquer que les émoluments du PDG sont retombés à 993 000 euros en 2012-2013 et 575 000 euros l’année suivante.
La nostalgie de la période faste
Le moment est douloureux pour le père fondateur. Même la dernière mission que lui a confiée Soitec en 2015 a échoué. Contre une rémunération forfaitaire de 200 000 euros, il a été chargé d’assister l’entreprise dans la négociation de la vente de sa division solaire. Le 21 mai, l’entreprise annonce, soulagée, un « accord final avec ConcenSolar », un industriel chinois, pour lui vendre « tous ses actifs technologiques et ses sites de production de Fribourg en Allemagne et de San Diego aux Etats-Unis ». Le 5 août, Soitec annonce qu’« en dépit de l’accord, la transaction avec ConcenSolar ne sera pas finalisée ». Ces sites sont donc en train d’être fermés et les salariés d’être licenciés pour vendre les équipements à la casse.
« Il ne faut pas juger une course sur les trois derniers virages », s’emporte Christophe Maleville, entré chez Soitec en 1997, quand la start-up ne comptait qu’une dizaine de salariés. Aujourd’hui membre de l’équipe de direction, il insiste : « Ce qu’a fait M. Auberton-Hervé est absolument extraordinaire. » De fait, cette entreprise française dont le nom ne dit rien au grand public est mondialement connue par les industriels des semi-conducteurs.
Certains ont la nostalgie de la période faste et des salaires confortables. Dans les années 2000, grâce au levier des « bons de souscription de parts de créateur d’entreprise » largement distribués, « les salariés regardaient Boursorama tous les matins pour surveiller le cours de Bourse », se souvient Fabrice Lallement, le délégué syndical CGT.
Alors que le moment de vérité approche pour savoir si Soitec est à l’aube d’une troisième vie, M. Auberton-Hervé reste fier de « cette histoire californienne à Grenoble ». Elle se poursuivra sans lui.